Économie digitale : la disruption par excellence

Économie digitale : la disruption par excellence

Vivier quasi inépuisable d’innovations, elle est à l’origine des grands bouleversements économiques depuis près de quarante ans. Facteur de croissance, de productivité et de rentabilité pour les entreprises, la digitalisation de l’économie s’impose aujourd’hui comme un axe disruptif majeur.

Industrie, Santé & Sciences de la vie, Terre… Parmi toutes les dimensions que recouvre la disruption, la plus évidente est, sans conteste, l’économie digitale. Plus qu’une manifestation du phénomène, elle en est l’incarnation même. A l’instar de ce que fut la machine à vapeur pour la révolution industrielle, elle en est la genèse. De la démocratisation informatique des années 1980 aux algorithmes en passant par le cloud, les réseaux sociaux ou la réalité virtuelle, les différentes mutations qui ont jalonné son histoire apparaissent comme les fondements de la dernière révolution économique. Et, à bien des égards, comme le vecteur de celles à venir.

Son axe de développement a pour axiome la loi de Moore théorisée en 1965. Co-fondateur d’Intel, Gordon Moore avançait alors qu’à prix constant, le nombre de transistors par circuit de même taille allait doubler tous les ans. Confirmée puis affinée par la suite, cette théorie. laissait entendre que la puissance des ordinateurs allait croître à un rythme exponentiel. Tandis que leur taille et leur coût allaient connaître une évolution proportionnellement inverse. Au tout début, ce qui a permis de démocratiser l’usage de l’informatique, c’est la miniaturisation. En devenant accessible par la taille et le prix, l’ordinateur est devenu un produit de grande consommation jusqu’alors réservé aux entreprises. L’apparition dans les années 1980 et 1990 des PC (personal computer) marque la première étape de consumérisation du secteur. Point de départ de l’apprentissage informatique des masses, cette phase va se révéler essentielle à l’explosion de l’e-commerce, des réseaux sociaux et de l’économie de partage à partir de la seconde moitié des années 2000. Entre temps, l’économie digitale embryonnaire fertilise le monde de l’entreprise qui entame sa mue. A l’époque, les travaux portaient sur les prémices d’architecture de réseaux, le stockage et les communications entre l’entreprise et le serveur. Extrêmement chers, ces développements ne s’adressaient cependant qu’aux entreprises du top 100 mondial.

« L’Économie Digitale a bouleversé simultanément en quelques années
les comportements et habitudes de consommation ainsi que les modes de production. »

La baisse salutaire des coûts va finalement être initiée par un acteur, Saleforces.com, et une rupture technologique, le cloud. Avec l’essor d’Internet au début des années 2000, Mark Benioff, son fondateur, a l’idée de faire basculer en ligne toute la gestion CRM propre aux services clients. Ce qui prenait cinq ans à développer et coûtait des millions de dollars va alors être réalisé en quelques mois et révolutionner le pricing avec un logiciel payé par abonnement. L’amélioration des bandes passantes, des data centers, de la connectique, de la cybersécurité qui s’en suit, va constituer un environnement bien plus efficient où les capacités de calcul sont démultipliées. Ces progrès répondent surtout à un usage croissant d’Internet qui transcende désormais les frontières dans un contexte d’accélération de la mondialisation.

Cet environnement a pour toile de fond l’avènement des réseaux sociaux à l’instar de Facebook ou Twitter. Le smartphone survient alors comme la catalyse de la consumérisation d’un espace économique occupé jusqu’alors par les entreprises. A cette époque, on observe un changement significatif. Le consommateur devient leader sur les nouvelles technologies, supplantant ainsi l’entreprise contrainte de s’adapter à ses besoins. Cette transposition à l’univers de la consommation – via Internet – parachève l’économie digitale dans sa globalité. Avec elle débute alors le nouvel âge des géants du commerce en ligne que sont aujourd’hui Amazon, Airbnb, Alibaba et consorts

« L’économie numérique qui représentait 22,5 % de l’économie mondiale en 2016,
génèrera 2 000 milliards de $ supplémentaires en 2020.1 »

Mutations technologiques plus simples, plus intelligentes, plus pratiques, moins onéreuses, naturellement adoptées par le consommateur et renversant l’ordre établi sur de nombreux marchés… L’économie digitale, axée sur le réseau et le partage, porte intrinsèquement les ferments de la disruption. Phénomène aussi fulgurant qu’universel, il a bouleversé simultanément en quelques années les comportements et habitudes de consommation ainsi que les modes de production. Communication, transport, énergie, aucune strate sectorielle n’est restée en marge de cette révolution « technumérique » dont la marche en avant est loin d’être terminée. Récemment, la digitalisation du contenu et l’émergence d’un acteur comme Netflix venu disrupter en très peu de temps une industrie cinématographique plus que centenaire, en sont le parfait exemple. Et d’autres sont à venir.

« 90% des données existantes dans le mondes ont été créées ces deux dernières années seulement.
La quantité d’informations digitales sera multipliée par dix tous les cinq ans.2 »

Lorsque l’on regarde la 5G, les réseaux, les fintech ou le big data, il faut se rendre à l’évidence : nous ne sommes qu’au début de cette première phase de disruption. L’utilisation des données non-structurées avec les nouvelles architectures apparues il y a quatre ans pourrait être le futur relais de croissance de l’économie dématérialisée. Le digital marketing, le cloud, le online market place et la cyber-sécurité sont aujourd’hui les principales sous-dimensions de notre univers consacré à l’économie digitale. D’autres, comme les fintechs, les robo-advisors ou la réalité virtuelle, seront amenées à être prédominantes demain. La réalité augmentée est ainsi promise à un bel avenir. Au-delà du tourisme, du learning process ou du gaming, son utilisation dans l’industrie pourrait offrir la possibilité de réaliser des opérations plus rapides et moins coûteuses. Les fintechs esquissent, de leur côté, les contours de la banque digitale de demain – modèle déjà en partie incarné par ING Direct. Mais les spécificités du secteur suggèrent un mouvement appelé à se structurer plus lentement. Enfin, l’exploitation des données massives (big data) pourrait améliorer la prédictivité de certains secteurs comme la distribution afin de mieux répondre aux attentes des clients. Autant d’exemples qui démontrent qu’en matière de disruption, l’économie digitale est un vivier aux ressources quasi inépuisables.

Notes – – –
1. Source : Accenture, The Growth Multiplier, 2016
2. Source: KPMG, Big Data: The BIG factor driving competitive advantage, 2015

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