Villes intelligentes : le futur maintenant

Villes intelligentes : le futur maintenant

De nos jours, 55 % de la population mondiale vit en zone urbaine et l’augmentation progressive de cette concentration dans les villes devrait porter ce chiffre à 68 % d’ici 2050. Sous l’effet conjugué de cette urbanisation de la population rurale et de la croissance démographique mondiale, la population urbaine est susceptible, selon toutes prévisions, de se doter de 2,5 milliards de personnes de plus d’ici 2050. La plupart des pays se consacre au développement des villes et non des campagnes, ce qui mène à une situation où les zones urbaines offrent davantage d’opportunités, de meilleures infrastructures publiques et un mode de vie radicalement différent. De ce fait, les villes se sont transformées en pôles d’attraction pour une population avide de prospérité et désireuse de bâtir une nouvelle vie. Aujourd’hui, un grand nombre de projets et d’innovations entrepris pour rendre les villes intelligentes posent les bases d’un avenir qui se joue dès maintenant et érigent ces villes en solutions face aux difficultés que nous rencontrons.

En quoi une ville est-elle « intelligente » ?

L’information est l’eldorado du XXIe siècle et le moteur des puissances économiques de notre monde. Ce nouveau paradigme, qui repose sur la collecte et l’analyse de données par les technologies d’information et de communication (TIC), ouvre la voie à des occasions inédites de prospérer et à une optimisation des infrastructures existantes. Ainsi, c’est l’utilisation de ces données et leur déploiement dans les services municipaux (distribution d’eau et d’énergie, transports et autres domaines traditionnels) qui font de la ville intelligente une réalité.
D’ici 2020, le secteur de la ville intelligente devrait peser 400 milliards de dollars. Il améliorera et transformera nos vies : nous pourrons communiquer avec notre environnement d’une manière inédite ou instaurer un dialogue mutuel pour mieux comprendre notre qualité de vie et l’améliorer en permanence. L’application généralisée de la ville intelligente à d’innombrables industries donne donc naissance à des possibilités de création infinies, capables de révolutionner l’expérience humaine.
Une approche variable selon le contexte

Il faut reconnaître que la définition d’une ville intelligente varie selon ses ressources, son développement et les ambitions de ses habitants. Une ville intelligente ne s’inscrira pas dans le même contexte selon qu’elle se situe dans un pays en développement ou dans un pays développé.
Ainsi, en plaçant l’IoT (Internet of Things, internet des objets) au cœur de son programme, Copenhague envisage la gestion de la circulation comme un corollaire de la démarche classique qui consiste à réduire la durée des trajets. En effet, les études montrent que 80 % de la population mondiale est soumise à des niveaux de pollution supérieurs aux plafonds recommandés et, à cet égard, la pollution automobile constitue un facteur de premier plan. La capitale danoise innove en s’efforçant de rediriger le trafic de la manière la moins polluante possible pour l’air et en accordant la priorité à la santé environnementale. Son approche passe par l’acquisition de nouvelles informations qui viennent enrichir les données pour permettre une gestion de la circulation en lien avec la qualité de l’air, et par là même, le contrôle de cette dernière et la contribution à la réalisation de l’objectif de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) de réduire de deux-tiers d’ici 2030 le nombre de décès résultant d’une pollution atmosphérique. Comprendre l’impact positif sur la santé d’une gestion à visée environnementale de la circulation revient donc à élargir le champ des possibles pour les entreprises et les citoyens qui ont à cœur de « verdir » leur collectivité.
À la différence de Copenhague, Wuhan, « ville-éponge » de Chine, a lancé une initiative de rétention de l’eau, sans pour autant inscrire l’IoT au cœur de sa stratégie. L’IoT y joue donc un rôle minimal mais l’importance de cette innovation n’est en aucun cas moins déterminante que les autres pour sa progression vers la ville intelligente.

Une nécessaire intervention du secteur privé

En s’attaquant aux défis auxquels nous sommes confrontés dans le monde entier dont la pauvreté, les inégalités, le climat, la détérioration de l’environnement et les problématiques de prospérité, de paix et de justice, les Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations Unies forment le canevas d’un avenir meilleur et plus durable pour tous. L’objectif numéro 11, en particulier, vise à rendre les villes et les communautés plus inclusives, plus sûres, plus résilientes et plus durables. D’après les statistiques de Citibank, 2 100 milliards de dollars sont nécessaires chaque année pour réaliser cet objectif et construire des logements sûrs, adaptés et abordables ainsi que des infrastructures de transport durables, tout en renforçant le caractère inclusif et pérenne de l’urbanisation d’ici 2030.
L’urbanisation dépasse le stade de simple concept théorique et offre des opportunités d’investissement concrètes dans un grand nombre de secteurs différents. L’économie des infrastructures s’en trouve transformée, créant un espace pour des partenariats et des participations du secteur privé. De toute évidence, les ressources physiques et leur maintenance ne pourront se passer d’investissements et la technologie intelligente apportera de nouvelles capacités tout en allégeant les charges au fil du temps. Historiquement, les villes sont de grandes consommatrices de capitaux et s’écrivent sur le très long terme mais en combinant correctement technologies intelligentes et infrastructure traditionnelle, elles peuvent apporter des réponses plus dynamiques face à l’évolution de la demande. La participation du secteur privé sera essentielle aux villes intelligentes et apportera son lot d’opportunités et de l’efficacité aux villes. Et là où les initiatives publiques sont connues pour nécessiter un certain temps d’adaptation au changement, les services publics assurés par les entreprises privées peuvent disposer de ressources et de compétences pour réagir très rapidement à tout développement soudain.

Quand verra-t-on des villes intelligentes ?

Elles sont déjà là !

Nous vivons dans la génération de l’instant présent, où les gens veulent avoir accès à tout, tout de suite. De ce fait, les données en temps réel n’ont jamais été aussi importantes. En 2015, l’administration Obama a annoncé une nouvelle initiative axée sur les villes intelligentes et prévoyant 160 millions de dollars d’investissement sous forme de subventions fédérales pour créer des logiciels et des applications IoT qui aident les collectivités à améliorer les services municipaux. Suite à son accueil favorable, cette annonce s’est traduite dans 54 villes par la mise en œuvre de 335 projets de ville intelligente et la planification de 459 projets de villes intelligentes entre 2015 et 2017.
Primordiale pour une ville intelligente, la gestion des données en temps réel permet de s’adapter constamment et de favoriser l’auto-croissance à un rythme durable, ce qui sera facilité par l’émergence des réseaux Wi-Fi 5G. En l’état, de nombreux projets continueront de se développer à l’échelle mondiale et présideront à la naissance généralisée de villes intelligentes. Les fondations de demain se posent dès aujourd’hui.

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